Décoloniser le musée
Décoloniser le musée
Par la délibération de l’Assemblée Territoriale n°554 du 2 juin 1983, rendue exécutoire par l’arrêté n°1402 du 14 juin 1983, le service des musées et patrimoine est créé et a pour mission de “coordonner l’ensemble des actions territoriales en matière de muséographie, de protection et conservation des sites et des monuments, et d’inventaire du patrimoine culturel kanak”. Le musée est placé sous sa gestion, ce qui est encore le cas aujourd’hui.
De nombreuses transformations sont conduites par le conservateur Patrice Godin dès sa prise de fonction en mars 1983. Avec le concours de l’architecte Gabriel Cayrol, des travaux de rénovation sont lancés cette même année afin d’accroître la réserve ainsi que les espaces d’exposition en vue d’accueillir l’année suivante l’exposition d’envergure “Musée imaginaire des arts de l’Océanie”, ce qui n’aura finalement pas lieu en raison des "Évènements". D’autres missions lui ont été confiées: concevoir la muséographie du centre culturel de Hienghène qui a ouvert ses portes en 1985, soutenir la création du musée de Bourail et assurer la transition entre l’ancien conservateur Luc Chevalier et le futur premier conservateur kanak, Emmanuel Kasarhérou qui prendra sa place par la suite.
La vocation généraliste du musée est abandonnée à partir de 1983. Il se sépare en partie de sa collection d’Histoire naturelle: sa grande et complète collection minéralogique est confiée au service des mines et de l’énergie et certains spécimens de sa collection ornithologique sont donnés au Parc zoologique et forestier Michel Corbasson.
La politique d’acquisition est redéfinie par Emmanuel Kasarhérou en 1986. Il s’agit désormais d’un musée ethnographique consacré aux sociétés kanak et de la région Mélanésie. Les collections d’objets liés aux cultures du Vanuatu, de la Papouasie Nouvelle-Guinée, de la Papouasie occidentale et des îles Salomon se sont considérablement étoffées et représentent environ 70% des acquisitions entre 1986 et 1999. Durant ses premières années, peu d’acquisitions sont réalisées car la priorité n’était pas d’augmenter la collection mais de la connaître, de la préserver et de l’inventorier. Devant l’impossibilité de reconstituer un inventaire qui n’a véritablement jamais existé, un inventaire rétrospectif des collections du musée est entrepris par Emmanuel Kasarhérou dès son arrivée. Ce chantier ne s’est achevé qu'après son départ.