"Vision de l'autre, reflet de soi ?"

Les expositions temporaires
Le musée et le service des archives de Nouvelle-Calédonie vous invitent à découvrir, du 15 juin au 3 octobre 2011, une nouvelle exposition : "Vision de l’autre, reflet de soi ? Photographes professionnels et amateurs de Nouvelle-Calédonie de 1870 à 1940"

À travers la photographie, une histoire particulière de la Nouvelle-Calédonie se constitue. Épreuves et plaques de verre témoignent des préoccupations des administrateurs de la colonie, de celles, plus personnelles, des photographes, des modes de l’époque en termes d’image et ainsi d’une certaine idée de « l’exotisme », mais aussi du désir des sujets qui se prêtent au jeu ou encore demandent directement à être photographiés. Les idéologies, les relations entre les diverses composantes des populations de la Nouvelle-Calédonie se donnent ainsi à voir, parfois travesties par le regard du photographe qui reste toujours à décrypter. C’est à cette lecture que vous convient le musée et le service des archives grâce au formidable fonds Serge Kakou, collectionneur renommé, qui a rassemblé année après année plus de 3 500 documents photographiques originaux, datant des années 1860 aux années 1930. Illustrant tous les aspects de la Nouvelle-Calédonie d’autrefois, ce fonds, acquis par le service des archives en 2009, est un formidable support à la découverte du passé de notre pays et à celle d’une forme artistique, la photographie, dont l’histoire reste peu connue en dépit aujourd’hui de la généralisation de ce média.

L’exposition

Les 3 500 documents de diverse nature ne figurent pas, bien sûr, dans cette exposition et il aurait été d’ailleurs impossible de tous les présenter. Les deux institutions ont eu à faire parmi eux un choix parfois difficile, privilégiant le contexte de production de ces images qui occupent néanmoins la première place dans les trois salles du musée de la Nouvelle-Calédonie qui leur sont dédiées.

Salle 1. Les photographes professionnels

Le sujet et la collection Serge Kakou sont introduits tout d’abord dans la première salle de manière générale et à travers l’histoire de la photographie en Nouvelle-Calédonie, initié par un missionnaire mariste, le père Chapuy. Toujours dans cette salle, les photographes professionnels et leurs images sont à l’honneur. Beaucoup connaissent Allan Huggan qui s’installe comme photographe à Nouméa en 1871, cette exposition permet également de découvrir les frères Dufty, Léon Devambez, Charles Nething… Numérisés, leurs clichés prennent place sur les murs et l’ambiance est au studio photo de l’époque : comptoir, objets exotiques, parfois totalement inadaptés aux propos photographiés, bâche servant de décor aux clichés y contribuent. Albums, cartes de visites et autres supports rendent cette incursion dans le temps particulièrement émouvante. Cette histoire est aussi celle d’une forme particulière de photographies, le portrait que ces photographes privilégient. Les Kanak s’y prêtent et les clichés témoignent de leur désir de voir leur image trôner dans les vitrines des studios professionnels.

Dans cette première salle, l’occasion est aussi donnée de découvrir plus avant la photographie côté techniques. Elles se sont tant transformées depuis le début de cette forme artistique qu’il était nécessaire de les décrire même rapidement et d’en connaître les contraintes qui influencent beaucoup les images qui nous restent aujourd’hui.

D’ailleurs, afin d’illustrer le propos, des appareils de types différents sont également présents avec des bacs anciens destinés à accueillir les produits chimiques alors utilisés.

Salle 2. Les photographes amateurs

La deuxième salle occupée par l’exposition fait la part belle aux photographes amateurs car, la photographie se libérant peu à peu de ses contraintes les plus lourdes, elle connaît de nombreux passionnés dans les milieux Européens biens sûr, administrateurs, missionnaires, militaires ou autres. Leurs regards, leurs visions sont ainsi mis en relief.

Le propos invite à découvrir les tirages numérisés, placés sur les murs. Ils sont organisés en deux grands thèmes, à partir de leurs univers personnels se rapportant, d’une part, à leur profession et, d’autre part, au monde plus intime où évoluent leurs proches.

De grands kakemono, disposés au centre de la salle, retracent rapidement la biographie d’une dizaine de ces photographes amateurs ; le père Antonio, mariste, qui arrive en Nouvelle-Calédonie en 1877, Charles Ludovic Mitride, postier à Kouaoua avant de s’installer à Thio, Henry Greppo, né en 1877 et marié à Victorine Durand, originaire de Bourail, Paul Fonbonne, né à la Réunion, époux d’une demoiselle Barrat, spécialisé dans la construction de fours à pain, Théotime Bray, né le 7 mars 1859 dans l’Oise, militaire, puis chauffeur, commerçant et, enfin, employé de la société Le Nickel, J. Otto Haas, ingénieur géologue, présent en Nouvelle-Calédonie à partir de 1928, les frères Rime, « colons Feuillet » installés à Dumbéa, l’adjudant Petit Laurent et le Sergent Pinçon.

Chacun immortalise sa vision personnelle de la Nouvelle-Calédonie de son époque, dirigeant son objectif vers des scènes privilégiées, en rapport avec son métier, ses voyages au cœur du pays ou encore avec ses sujets de prédilections. Il s’agit parfois de véritables reportages photographiques. Le bagne, les constructions des premières infrastructures, les scènes de villes et de villages, la vie militaire, la vie des Kanak, la station, la mine, les ressources pétrolifères sont à l’honneur.

Le visiteur est invité au fond de la salle à découvrir sur un écran d’autres clichés qui n’ont pas pu trouver de place au sein de l’exposition.

Dans cette salle aussi, des albums sont présentés, témoignant toujours de manière émouvante des choix personnels destinés à accompagner la personne tout au long de sa vie et à être transmises aux descendants.

Salle 3. L’attirance de l’inconnu

La Nouvelle-Calédonie est alors un monde en partie considéré comme pittoresque, incitant la curiosité. Ce thème est privilégié dans la troisième et dernière salle dédiée à l’exposition. Ici, la vision d’un certain exotisme prédomine, associée au monde kanak et à ses productions matérielles, telles les cases devant lesquelles on se fait photographier. Parallèlement les spécificités locales de la colonie sont à l’honneur, le monde du bagne, le travail de la main-d’œuvre importée dans les mines ou les caféries sont immortalisés. Une image en quelque sorte « idéale », loin des véritables difficultés de vie quotidienne de ces populations est ainsi montrée, donnant à « l’exotisme » un sens particulier. Mais parfois, certains clichés échappent à cette logique livrant des regards plus proches de la réalité et des images plus crues de celles-ci.

Rendez-vous au musée

Durant toute la durée de l’exposition, un ensemble d’animations sera programmé.

  • Une chambre noire a été aménagée au sein de la première salle, elle y accueillera le jeune public lors d’un « A musee-vous » le mercredi 20 juillet, pour une initiation aux principes de base de la photographie, conduite par Ariella Blancher.
  • Un parcours pédagogique de l’exposition, destiné aux scolaires, est également en cours de réalisation. Et comme d’habitude, notre équipe d’animation proposera des visites guidées à la demande. Les renseignements seront sur le site internet du musée www.museenouvellecaledonie.nc, sur notre page Facebook. Contacter Richard Urbin et Sakiusa Terei au 27 06 47 ou au 75 78 01.
  • Par ailleurs, en raison de l’intérêt de cette exposition pour les Calédoniens, une causerie sera également organisée avec l’historienne Christianne Terrier et l’ensemble des personnes qui ont aidé l’équipe du musée à aller plus loin dans l’interprétation des clichés (cf. Les remerciements). La date de cette animation sera communiquée prochainement

Conception et organisation

  • Chef du service des musées et du patrimoine : Marie-Solange Neaoutyine
  • Conception : Muriel Glaunec-Mainguet, Julia Jessica Wamytan
  • Études et analyses des photographies : Serge Kakou, collectionneur, Christophe Dervieux, archiviste aux Archives de Nouvelle-Calédonie, Christiane Terrier et Ismet Kurtovitch, historiens, Muriel Glaunec-Mainguet et Julia Jessica Wamytan pour le musée de Nouvelle-Calédonie
  • Scénographie : Muriel Glaunec-Mainguet
  • Visuel de communication : Olivier Porcheron

Réalisation

  • Restauration et régie des oeuvres : Marianne Tissandier, Jennifer Duparc
  • Construction, peinture et décoration : Thierry Nguyen et Yann Cathie
  • Décor peint du studio d’Allan Hughan : Denise Tiavouane
  • Reproduction numérique des photographies : Jessica Naaoutchoué, agent du patrimoine, Archives de Nouvelle-Calédonie
  • Mise en page et impression : Muriel Glaunec-Mainguet, E. Billot (Manu)/Sté. Point GED
  • Traduction des textes en anglais : Marianne Tissandier
  • Diaporama : Olivier Porcheron

Remerciements

Le musée de Nouvelle-Calédonie tient à remercier toutes les personnes et institutions qui ont participé à ce projet par le prêt d’objets de leur collection, leurs contributions, ou leurs aides et conseils :

  • les Archives de Nouvelle-Calédonie, et particulièrement Ingrid Utchaou, chef de service et Christophe Dervieux, archiviste
  • le Musée de la ville de Nouméa
  • M. Louis-Georges Viale
  • M. Serge Kakou
  • Mme Christiane Terrier
  • M. Ismet Kurtovitch

Et le musée tient à remercier tout particulièrement les familles des photographes et les institutions qui ont ouvert leur porte et qui ont accepté de partager leurs souvenirs et leurs archives :

  • Mme Odette Fonbonne, belle-fille de M. Paul Fonbonne
  • Mme Axelle Belhomme, petite-fille de M. Paul Fonbonne
  • Mme Miquette Dubois, arrière-petite-fille d’Évenor de Greslan
  •  M. Raymond Greppo, fils de M. Henri Greppo
  • MM. Robert Dumté et Pascal Colomina, musée de Bourail, et la mairie de Bourail
  • La communauté des Frères maristes de Saint-Léon, à Païta, et tout spécialement les Frères Georges Benigaud et Georges Bitio
  • MM. Cyrille Dumas-Pilhou, chef de service, Gilbert Idoux, Alain Lebreus, Pascal Rota, retraités du service topographique, DITTT.


Une causerie qui réunira nombre de photographes autour des oeuvres présentés dans cette exposition est prévue est prévue le 21 septembre, à 18 h 30