La renaissance du musée de Nouvelle-Calédonie
Le lancement des travaux de rénovation et d’extension du musée de Nouvelle-Calédonie s’est déroulé mardi 6 juillet, quarante-neuf ans jour pour jour après son ouverture. Symbolisé par une cérémonie du bois de la renaissance, il a réuni en nombre les représentants des institutions, des coutumiers et des communautés culturelles.
Fermé au public depuis un an, le musée de Nouvelle-Calédonie rouvrira ses portes en 2022. Il renaîtra alors sous le nom de MUZ et « incarnera, au cœur du Pacifique, le mariage des cultures et des civilisations, toutes valorisées dans un lieu unique, ouvert sur la ville et sur le monde », a déclaré le président du gouvernement Thierry Santa.
D’ici là, d’importants travaux de rénovation des 2 200 m2 du bâtiment actuel et d’agrandissement sur 2 500 m2 sont au programme. Plus grand, plus beau, plus moderne, le MUZ se positionnera alors comme « une vitrine de la richesse de notre patrimoine culturel et une passerelle de coopération prête à stimuler les échanges d’objets d’art », a ajouté le président.
« Un dialogue audacieux entre nos cultures »
Très attendue de tous les partenaires de l’opération, la cérémonie du bois de la renaissance a réuni près de 150 personnes venues assister à la pose des « fondations d’une aire nouvelle, a indiqué Thierry Santa. Celle d’un dialogue audacieux entre nos cultures, source de cohésion, de développement et de rayonnement. » À ses côtés, les membres du gouvernement Didier Poidyaliwane, Vaimu’a Muliava, Yoann Lecourieux, Jean-Pierre Djaïwé et Valentine Eurisouké, mais aussi le haut-commissaire Laurent Prévost, le président du Congrès Roch Wamytan, le président du sénat coutumier Hippolyte Wakewi Sinewami-Htamumu, des représentants de la province Sud, de la mairie Nouméa, des institutions coutumières et des associations culturelles ont tour à tour souligné la portée symbolique de ce chantier, « projet-phare de la Nouvelle-Calédonie », selon Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement notamment en charge de la culture. « Ce musée, a-t-il assuré, représentera un élément central du patrimoine culturel matériel et immatériel de la Nouvelle-Calédonie ».
« Retranscrire ce que nous sommes »
Endémique, car inspiré de la nature et des savoir-faire locaux, le MUZ sera aussi inclusif, représentant la Calédonie dans toute sa diversité. « Il prendra racine dans la culture kanak et s’ouvrira aux autres cultures océaniennes pour retranscrire ce que nous sommes », a expliqué le membre du gouvernement Vaimu’a Muliava, très attaché à cette « belle aventure à laquelle nous pouvons tous être fiers de prendre part ».
« L’État est heureux d’accompagner la Nouvelle-Calédonie dans ce projet, symbole du destin commun, a déclaré le haut-commissaire Laurent Prévost, faisant référence à la participation de l’État au financement de l’opération (lire l’encadré). Les foules se pressent au musée du quai Branly, puissent-elles aussi se presser ici et considérer la visite de ce lieu comme un passage incontournable de leur séjour afin de découvrir comment s’est construite cette singularité calédonienne ».
« Le MUZ devra repenser son fonctionnement, a ajouté Didier Poidyaliwane, et se forger une plus grande ambition afin de lui permettre de rayonner au-delà des frontières ».
Le budget global du projet de rénovation s’élève à 2 milliards de francs. Inscrit au contrat de développement État-Nouvelle-Calédonie 2017-2021, il est réparti à 70 % pour la Nouvelle-Calédonie et à 30 % pour l’État. Le projet inclut également la construction des réserves externalisées du musée pour un montant de 245 millions de francs. Cet espace permet actuellement de stocker les collections pour la durée du chantier, dans des conditions d’hygrométrie et de température satisfaisantes.
Le nouveau parcours muséographique ancre ce projet dans l’esprit de l’Accord de Nouméa, « dont le préambule, a rappelé Didier Poidyaliwane, inscrit une double reconnaissance : celle du peuple Kanak et celle des autres communautés vivant sur le territoire ». Il structure l'idée du destin commun, qui rassemble toutes les communautés. La première séquence est dédiée à l’océan par lequel est arrivé l’homme. La nouvelle muséographie accorde également une place, jusque-là inexistante, à la valorisation du patrimoine archéologique de la Nouvelle-Calédonie, notamment les poteries Lapita de renommée internationale. Une large place sera consacrée à la collection d’œuvres kanak, l’une des plus importantes au monde, ainsi qu’à l’histoire du pays au travers des arrivées successives et des apports de toutes les communautés calédoniennes.