Tapa "lafi" provenant de l’île de Futuna

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Objet du mois de
Juin

Tapa lafi, provenant de l’île de Futuna


MNC 2013.1.22
465 cm x 58 cm

Matériaux : mûrier à papier (étoffe) ; noix de bancoulier (pigment)


« Tapa », terme polynésien largement généralisé par les premiers navigateurs européens, désigne ces étoffes battues - très souvent grandes -, que l’on retrouve dans beaucoup d’îles d’Océanie. L’espèce végétale reine de ces étoffes est le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera). À Futuna, comme dans d’autres îles de la Polynésie occidentale (Wallis, Samoa, Tonga, Fidji), seul le mûrier à papier est utilisé. L’histoire du tapa en Océanie est certainement liée à celle des peuplements austronésiens, venus d’Asie du Sud-est puisque des traces archéologiques attestent de l’existence de certains outils nécessaires à la fabrication du tapa, utilisés en Océanie, en Asie du Sud-est.

Afin d’obtenir cette étoffe blanche, on extrait tout d’abord le liber du mûrier à papier. Posé sur une enclume, il est battu à l’aide d’un battoir jusqu’à amincissement et élargissement des fibres ; le but étant d’obtenir des lés d’étoffe les plus grands possibles. Ces morceaux d’étoffe sont ensuite assemblés à l’aide d’amidon de manioc pour atteindre la dimension exacte du futur tapa. Pour cela, on utilisait autrefois l’arrow-root (Maranta arundinacea). La couleur noire est issue de la noix du fruit du bancoulier (Aleurites mollucana), qui contient une amande. Les amandes sont enfilées sur des tiges de cocotier et mise à griller. Une plaque est disposée au-dessus du foyer. La couleur provient de la suie qui s’y dépose.

Contrairement à la réalisation des grands tapa qui est un travail collectif, ce tapa lafi est une œuvre entièrement individuelle. À main levée, la décoration est faite à l’aide des tiges. Plusieurs motifs très fins recouvrent essentiellement les extrémités du tapa, qui sont terminées par des franges ornées à leur tour.

Porté en bandoulière, ce tapa est accompagné du tepi (jupe en tapa) et du ‘aofuga (coiffe en tapa vierge) (figure 1). Ces trois éléments sont portés pour la guerre et lors des grandes cérémonies.

Autrefois, on utilisait aussi le lafi tel un turban que l’on enroulait autour de la tête, comme l’atteste l’ethnologue américain E. G. Burrows qui a séjourné à Futuna, dans les années 1930. Il remarqua aussi à l’époque des lafi dont la surface entière est teinte à l’aide du curcuma (Curcuma longa), comme en possède le musée du quai Branly dans ses collections (n° d’inventaire : 72.1980.4.1).