Propulseur de lance aborigène d'Australie

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Objet du mois de
Août
Ce propulseur aborigène appelé woomera ou miru  a été intégré à la modeste collection australienne du musée de Nouvelle-Calédonie par Luc Chevalier, son conservateur entre 1947-1983

MNC 86.2.1

Longueur : 93.5 cm - Largeur :  3,7 cm - Epaisseur :  1,5 cm

Matériaux :  bois de mulga (Acacia aneura) ; résine tirée d’une graminée appelée triodia (Triodia punges) ; fibres végétales d’origine indéterminée.

Techniques : Taillage, ponçage, assemblage, nouage

L'objet ici présenté provient du « pays continent » de l’Océan Pacifique, l’Australie. Son immense étendue est divisée en six grands territoires : Sur la région ouest, l’Australie-Occidentale, au centre, le  Territoire du Nord et l’Australie Méridionale et à l’est, le Queensland, la Nouvelle-Galles du Sud et le Victoria, ainsi que l’île de la Tasmanie à l’extrême-sud de l’Australie.

Les Aborigènes, peuple premier  de cette vaste terre y sont installés depuis des millénaires, venus depuis l’Asie du Sud-Est  entre 40 000 et 60 000 ans durant l’ère glaciaire. Ils sont aujourd’hui minoritaires au sein de la population australienne composée en majorité de groupes d’origine européenne et  d’immigrants venus d’autres régions du monde.

Ce propulseur aborigène appelé woomera ou miru  a été intégré à la modeste collection australienne du musée de Nouvelle-Calédonie par Luc Chevalier, son conservateur entre 1947-1983.

Il est taillé dans le bois d’un arbre répandu dans le « bush » australien, appelé mulga (Acacia aneura). Il est préalablement coupé, écorcé et  affiné jusqu’à atteindre la partie centrale du cœur de l’arbre, formant une longueur de latte soigneusement poncée.

À son extrémité la plus fine, un crochet est façonné, de forme ovale, arrondi et appointé. Il forme un éperon servant d’appui et de rampe de propulsion. Ce crochet de type mâle est fixé à l’aide de fibres végétales et parfois d’une lanière de tendon de kangourou renforcée par une pâte de résine noire extraite par combustion d’une graminée endémique appelée triodia ou « spinifex » (Triodia pungens, Poaceae).

La partie taillée à l’autre extrémité plus large du woomera en constitue le manche. 

Principalement conçu pour projeter des lances, cet outil  permet, par prolongement artificiel du bras, une propulsion plus rapide et un roulement de sagaie qui optimise la puissance de l’impact du projectile. Les lances utilisées avec le modèle de woomera ici présenté sont généralement montées sur un manche en roseau plus légères que celle en bois.  Le lanceur saisit le manche du propulseur et place l’extrémité de la hampe de la lance dans la petite cheville, positionne l’ensemble en arrière au-dessus de l’épaule pour  projeter l’arme sur sa cible.

Au bout du manche est parfois inséré et fixé avec de la résine, un éclat de pierre taillée, pouvant servir à découper, percer, creuser...

Ainsi, ces propulseurs, utilisés pour la chasse et autrefois dans les combats entre communautés, sont multifonctionnels dans le quotidien des Aborigènes.

Dans leurs fonctions cérémonielles, ces outils exclusivement  réservés aux hommes peuvent être un emblème de statut et d’autorité lorsqu’ils sont agrémentés de divers motifs gravés ou de peintures.

Chaque Aborigène, à son adolescence, fabrique son propre propulseur, les croyances, techniques et pratiques liés à ces objets se transmettant ainsi par de rites initiatiques, qu’ils perpétuent de génération en génération.