Natte fine en pandanus et une aiguille à nattes

Les objets du mois
Objet du mois de
Mai
MNC 2010.5.1 et MNC 2011.8.1
Origine : Lifou, Nouvelle-Calédonie

Collectées en 2010 et 2011. La natte date très probablement d'une cinquantaine d'années

L’année prochaine, une exposition d’exception ouvrira au musée. Elle présentera les objets inédits de la collection dite « Hadfield », du nom du missionnaire basé aux îles Loyauté qui les a collectés, à la fin du XIXe et au début du XXe, et qui sont revenus en Nouvelle-Calédonie grâce à un don de ses descendants. Cette collection est très importante car les objets des Loyauté sont particulièrement rares dans la plupart des musées. Elle sera organisée en partenariat avec le British Museum, de Londres, le Pitt Rivers Museum, d’Oxford, et le National Museum of Scotland, qui prêteront également à cette occasion d’autres objets collectés par ce missionnaire à la Nouvelle-Calédonie. Plusieurs chercheurs liés ou non à ces institutions collaborent à ce projet. C’est le cas d’Anna Paini, de l’Université de Vérone, en Italie, qui travaille depuis une vingtaine d’années à Lifou, et à qui le musée a demandé d’orienter ses recherches sur les objets de la collection « Hadfield », et / ou les techniques dont ils témoignent, les représentations que les personnes en ont aujourd’hui. La natte et l’aiguille mis en avant durant tout le mois de mai pour les « Inédits » sont des dons, transmis au musée par Anna. Provenant de Lifou, ils s’inscrivent dans le cadre de cette collaboration.
 
La natte, tout d’abord, a été donnée par Waxöma Zongo Zeula, de Drueulu, en 2010. On remarquera la finesse inhabituelle, semble-t-il en Nouvelle-Calédonie, de son tressage, trait caractéristique néanmoins de celles appartenant à la collection Hadfield. Lors d’un entretien à ce sujet, les femmes de Drueulu ont été catégoriques à ce sujet, « avant on faisait des nattes très fines », et la natte ici présentée en est un exemple. Waxöma l’a retirée de la pile de nattes anciennes qu’elle conserve chez elle. Elle a été tressée par la sœur aînée de sa mère, originaire de Hunëate (Wetr). Bien que son état ne soit pas des meilleurs, elle témoigne de pratiques et d’un « style » propres aux Loyauté, ainsi que de leur persistance.
 
L’aiguille, ensuite, est assez inattendue. Ce don est dû à une femme âgée, Kuieqatr, résidant à Nathalo et appartenant à la famille Isamatro. Fait en 2011, il vient en quelque sorte en complément de la natte et sa présentation a été accompagnée de ces paroles :
A me la ke nylan nine lith ixöe kola umuth la ixöe tra lith matre tro la ixöe acatr. A me epin en gazo la ixöe me ze zeng la ixöe troa xom la nylan celë tra a lyn lai wedr ekelë ga xulu tra lith la ixöe ka ze zeng me min la nylan. Ase hë!
« Ça c’est une aiguille pour tresser la natte, pour terminer la natte, pour que la natte soit solide. Plus tard quand la natte sera abimée et déchirée, il faut prendre l’aiguille, prendre la feuille de pandanus et faire passer dans le trou de l’aiguille pour réparer la natte déchirée avec l’aiguille. C’est fini ! » [entretien du 31 mai 2011, conduit par Anna Paini, chez Tina (Wanaham, Lifou), avec la traduction de Jeannot Sapotr (Nouméa, le 2 mai 2012)]
 
Anna présentera les travaux qu’elle conduit dans le cadre de la préparation de cette exposition, le 29 mai, à 18 h 30, lors d’une conférence au musée de Nouvelle-Calédonie.
       

Anna Paini et Françoise Cayrol-Baudrillart