Massue kanak et tirelire des missionnaires protestants
Longueur : 82 cm - Largeur : 36 cm - Poids : 994 g
Matériaux : bois, poils de roussette, bourre de noix de coco, coton, papier
Techniques : sculpture, tressage
Don de l'Association les Amis du Musée de Nouvelle-Calédonie
La massue dite « bec d’oiseau » est une des formes de casse-tête les plus répandues en Nouvelle-Calédonie qui se caractérise par son bec pointu et allongé. Elle fait partie de la panoplie d’armes de poing kanak utilisée lors de guerres mais aussi comme accessoire d’apparat lors de cérémonies. Pendant le discours belliqueux qui exaltait les guerriers avant le départ au combat, l’orateur brandissait cette massue.
Dès le XVIIIème siècle, la massue bec d’oiseau (c’est le cas des autres types de massues dites : « phallique », « bec de tortue », « pioche », « bi-pointe », « à palette »,…) est l’objet le plus couramment collecté. Leur fabrication a connu un véritable boom à cause de la forte demande. C’est ce que l’on retrouve en grands nombres dans les musées occidentaux de nos jours.
La massue à « bec d’oiseau » exposée ici, a été collectée ou a été offerte au pasteur Samuel Mac Farlane, missionnaire de la London missionary society (ou la Société missionnaire de Londres) (LMS) en poste aux îles Loyauté, et notamment à Lifou, du 30 octobre 1859 jusqu’à mai 1871. La facture de l’objet laisse penser qu’il a été fabriqué pour la vente. Sur la tête de la massue, on peut lire l’inscription manuscrite suivante : « Presented by the Rev. Dr Mac Farlane to Dr. Coombs… From Fiji », « Offerte par le révérend et docteur Mac Farlane au docteur Coombs… provenant de Fidji ». Il est impossible à l’heure actuelle d’attester s’il s’agit bien du pasteur Samuel Mac Farlane ou de son fils, pasteur et docteur William Evan Mac Farlane. Nous pensons que cette inscription n’a pas été faite par les pasteurs Mac Farlane eux-mêmes, ni par le dit « Dr. Coombs », que nous n’avons pas pu identifier avec certitude, mais bien après.
Samuel Mac Farlane
Samuel Mac Farlane est né le 18 février 1837 à Johnstone, une ville située à l’ouest des plaines centrales d’Ecosse. Issu de milieu modeste, il a intégré la Oldham Road Congregational Chapel ; ce qui l’a conduit à devenir missionnaire par la suite. Il est accepté alors par la London missionary society et est ordonné à l’issue de sa formation à Bedford, le 11 novembre 1858.
Le 6 janvier 1859, il est envoyé pour évangéliser les mers du sud, en Nouvelle-Calédonie, peu de temps après avoir épousé Elizabeth Ursula Joice avec qui, il part en mission. Ils atteignent l’île de Lifou le 30 octobre 1859 et s’installent à Xepenehe, chez le chef Waehnya. Soutenu par ce dernier et par le chef Tupaisi, il fonde l’école pastorale « Britania » (qui deviendra « Béthanie » par la suite). Il connait sur place des tensions avec les prêtres catholiques et les chefs qui se sont convertis au catholicisme. Sa mission est attaquée et détruite par l’armée française et, suite à la prise de possession de Maré et de Lifou par la France, en 1864, il est contraint de quitter l’archipel calédonien sans plus tarder.
En 1871, il part en direction de la Papouasie, en compagnie du pasteur A. W. Murray et des étudiants et pasteurs de Lifou. On lui attribue, parmi d’autres travaux, la traduction en drehu du Nouveau testament et des psaumes. Il écrit aussi un ouvrage sur l’histoire de la mission de Lifou, The story of the Lifu mission, paru à Londres en 1873. Après plusieurs voyages et l’établissement d’une dizaine de missions, ils retournent en Angleterre en 1886 et publie un second livre Among the cannibals of New Guinea, en 1888. Il reçoit à la suite de cela, un doctorat honorifique de l’Université de St Andrews puis, sert comme officier de la London Missionary Society jusqu’à sa retraite en 1894. Il meurt le 27 janvier 1911 à Southport, en Angleterre.
Le révérend Samuel Mac Farlane eut cinq enfants, quatre garçons et une fille. Deux de ses enfants ont marché sur ses pas, en tant que missionnaires, dont William Evan qui a été affecté à Tsientsin, en Chine ou encore à Tatzukuo, en Mongolie. Après ses affectations au bout du monde par la LMS, il se lance dans les études et devient chirurgien et astronome, membre de la Royal Geographical Society et de la Royal Astronomical Society.
La London Missionary Society
La LMS a été fondée en 1795, en Angleterre par des groupes de laïcs et issus de la réforme protestante. Leur objectif principal est de porter l’évangile à travers le monde, dans les terres lointaines, remplies de « païens ». L’Océanie a été très tôt touchée par les missionnaires de la LMS. Dès les années 1790, le vaisseau missionnaire le Duff aborda Tahiti, les îles marquisiennes et Tonga, où les premières missions protestantes du Pacifique furent créées. A l’initiative du révérend John Williams, des missionnaires océaniens, teachers, ont été formés pour relayer la chrétienté dans le Pacifique. En 1840, trois années avant l’arrivée des premiers missionnaires catholiques à Balade (Pouebo) au Nord-est de la Grande Terre, des teachers samoans, Noa et Taniela, débarquent à l’île des Pins. C’est le début de l’établissement des missions protestantes britanniques en Nouvelle-Calédonie. En 1842, le teacher rarotongien (îles Cook) du nom de Fao a été envoyé à Lifou. C’est à Lifou même que partiront les premiers teachers ou nata (en nengone) kanak, formés à Béthanie (à l’origine Britania), première école pastorale fondée par le pasteur Samuel Mac Farlane.
MNC 2014.10.1
Hauteur : 12 cm ; Diamètre : 13 cm ; Poids : 76 g
Matériaux : papier mâché, vernis
Technique : moulage
Don de M. Renaud Vanuxem
Chez les protestants, les tirelires missionnaires pour les offrandes sont utilisées dans les Ecoles du Dimanche, où une instruction religieuse est donnée aux enfants, pour collecter des fonds pour les missions dans l’autre bout du monde. Chez les catholiques, les tirelires sortaient pendant la période de Noël et étaient posées à côté des crèches.
Il existe plusieurs types de tirelire : en bois et de forme rectangulaire, pyramidale ou carrée surmontée de la représentation d’un enfant africain en figurine, avec une posture et un petit mot au bas, censés susciter la compassion. Cette dernière était faite en plâtre dans un premier temps, puis en papier mâché par la suite. Elle était composée d’une mécanique comme un «jouet» ; ce qui la rendait attrayante. C’est sous l’impulsion de la mission de Bâle, en Suisse, que ce type de tirelire s’est répandue dans les années 1880 au sud de l’Allemagne, en Suisse et en Alsace. La tirelire en vitrine, est en forme de case avec le toit en chaume. Ce genre de tirelire symbolique personnalisée sans pour autant ajouter une figurine africaine, était surtout très populaire au Royaume-Uni, auprès des Sunday School (Ecoles du Dimanche). Faite de papier mâché et parfois d’un socle en bois de balsa, on aperçoit sur le toit de la case une fente qui permet d’introduire les pièces. Sur la porte, on peut lire « LMS » pour signifier la London Missionary Society et en fond, se trouve un trou ; ce qui permettait de récupérer les dons. Le bouchon qui devait servir à fermer la tirelire a disparu, comme on peut le voir sur l’image ci-contre. Une étiquette de forme circulaire en partie déchirée, recouvre le bas de la case.
Reconstitution du contenu de l’étiquette collée au bas de la case à partir d’un objet similaire conservé dans les collections des musées royaux de Greenwich (Londres, Angleterre)
“LONDON MISSIONARY SOCIETY,
Livingstone House
42 Broadway, Westminster S.W.1.
CHURCH-------------------------------
Director's name-----------------------
Address-----------------------------------
Box given out--------------------------
To be brought in---------------------
Missionary Sec. FOR THE LONDON
MISSIONARY SOCIETY at work in AFRICA, E. ASIA, INDIA, S. SEAS. MADAGASCAR, PAPUA.”