Hache de cérémonie kanak

Les objets du mois
Objet du mois de
Septembre
MNC 2012.1.1
Origine : Nouvelle-Calédonie, ex-collection James Hooper (1897-1971) 
Datation : probablement fin 18ème - début 19ème siècle 

Une hache de cérémonie kanak 
 
Objet ayant jadis appartenu au fameux collectionneur britannique James Hooper (1er septembre 1897 - 9 février 1971), cette hache est à la fois un chef d’œuvre et un mystère. Un chef d’œuvre car parmi toutes les haches kanak connues c’est sans nul doute l’une des plus belles et des plus anciennes. La taille de sa lame, la sobriété de sa morphologie, son emmanchement particulièrement soigné avec ses deux bagues tressées en poil de roussette en font une pièce maîtresse de l’ancienne culture matérielle kanak. Un mystère car la fonction précise de cette hache nous est inconnue. La fragilité du manche persuade qu’il ne pouvait s’agir là d’un outil. Mais de quoi d’autre alors ? Une arme de prestige destinée à être exhibée et portée sur l’épaule lors des fêtes ? Un insigne du rang social ? Un ustensile rituel ? Un trésor circulant dans les échanges cérémoniels ? Ou plus sûrement une de ces « choses » que les Kanak du XIXe siècle échangèrent avec les voyageurs européens lors des premiers contacts ?

Au début du XXe siècle, l’anthropologue suisse Fritz Sarazin note que : « Les haches de pierre emmanchées, qui étaient encore partout en usage lors de l'occupation de l'île, sont devenues maintenant des objets fort rares, conservés dans les musées. » Et de fait les réserves de ces établissements scientifiques et culturels sont pleines de haches dont l’usage et la provenance sont loin d’être toujours précisés. Parmi elles, on en trouve un nombre considérable qui semblent n’avoir jamais été utilisées. Un examen rapide de la fixation des lames de pierre et de sa solidité permet en effet de s’assurer que ces instruments n’étaient pas fonctionnels. Ils furent probablement confectionnés pour être troqués contre des outils métalliques alors même que ceux-ci avaient déjà supplanté ceux de pierre dans les travaux du bois et des jardins.

Si l’hypothèse est exacte, il faudrait alors aussi voir dans la hache de la collection Hooper un objet de transition, témoin matériel de cette époque relativement courte des premiers contacts (entre 1840 et 1853) où Kanak et Européens entretenaient des rapports commerciaux encore relativement équilibrés.

Patrice Godin pour les Amis du Musée de Nouvelle-Calédonie