Deux gourdes clissées kanak

Les objets du mois
Objet du mois de
Décembre
MNC 2010.9.1 et MNC 2010.9.2
Origine : Nouvelle-Calédonie
Collectées au début du 20ème siècle, datent très probablement du 19ème siècle

 

En français, une clisse est une enveloppe d'osier tressé mise autour d'une bouteille. Par analogie, le terme a été utilisé pour désigner la résille de fines cordelettes en fibres de coco qui entourent les gourdes (fruits du Lagenaria siceraria) et les noix de coco évidées qui servaient aux Kanak de récipients à eau et à décoctions médicinales. Entre la Grande Terre et les Loyauté, les différences dans la technique de clissage étaient infimes, se réduisant le plus souvent à un nombre plus élevé de cordelettes par bande de clisse aux îles.

Le procédé de base était simple dans le principe, plus délicat dans l'application. Tout d'abord, entre deux cercles disposés aux extrémités du récipient, on déployait une première nappe de cordelettes agencées par spires enfilées les unes dans les autres comme dans la fabrication de certains filets (fig.1). La difficulté consistait ensuite dans la tension de la nappe de manière à former un treillis de losanges au maillage régulier. Une fois la première nappe en place, on en confectionnait une deuxième qui venait la doubler très étroitement (fig.2). Le même procédé était utilisé pour les nappes suivantes et il était ainsi possible d'obtenir une clisse au dessin géométrique extrêmement régulier.

 

Figures gourdes clissées

De ce dessin fait de losanges imbriqués et de lignes parallèles on connaît beaucoup d'autres exemples dans l'art kanak, réalisés selon des techniques différentes (manches surliés de haches ostenstoirs et de casse-tête, registres inférieurs de chambranles). Ceux-ci témoignent d'un caractère symbolique qu'il est malheureusement difficile d'interpréter avec certitude aujourd'hui.

Il existait autrefois plusieurs formes de gourdes, allant de la sphère quasi-parfaite à l'ovoïde allongé dont le sommet était souvent recourbé. Pour les fabriquer on ouvrait le fruit près du col, puis on en vidait la pulpe sans briser la peau. Ensuite on le laissait pourrir de façon à le vider de sa pulpe résiduelle. Et après nettoyage et séchage au soleil, on le suspendait au-dessus d'un feu pour parachever son séchage. Le travail de clissage terminé, on ajoutait une courroie elle aussi tressée en fibres de coco pour permettre de porter et de suspendre la gourde.

L'association des amis du musée de Nouvelle-Calédonie