Conque de guerre des Iles Schouten et une trompe du Moyen-Sépik

Les objets du mois
Objet du mois de
Juin
MNC 2007.8.14 et MNC 2007.12.3
Origine : Papouasie-Nouvelle-Guinée, datations incertaines, probablement 20ème siècle

Dans toutes les îles du Pacifique insulaire, à l’exception de l’intérieur et du sud-ouest de la Nouvelle-Guinée et du centre de la Nouvelle-Bretagne, la conque (Charonia tritonis) a été - avec certains gros coquillages du genre Cassis - utilisée comme instrument sonore.

Du point de vue organologique, il s’agit d’une trompette, c’est à dire d’un aérophone de perce circulaire – apicale ou latérale comme dans la pièce exposée - dans lequel les lèvres de l'instrumentiste jouent le rôle d'anches membraneuses. Provenant des îles Schouten, dans la province de East Sepik, au nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la présente conque servait, selon son collecteur, à appeler les membres d’une même famille au travail dans les jardins ou à la pêche le long du rivage.

Dans d’autres régions, les sonneries de conque étaient employées comme signaux d’appel lors des guerres, des fêtes et des expéditions maritimes et aussi comme vecteurs de messages privés ou publics. Dans certaines zones de Micronésie, de Nouvelle-Guinée et du Vanuatu, on prête également à ces sonneries le pouvoir d’éloigner les esprits maléfiques. Aujourd’hui, il n’est pas rare de voir des conques utilisées pour inviter les membres du village au culte chrétien dominical.

Dans les aires dépourvues de conques (Triton ou Cassis), il existait également des trompettes fabriquées dans une section de bambou - comme chez les Asmat du sud-ouest de la Nouvelle-Guinée – ou creusées et sculptées dans une branche d’arbre – comme dans les communautés Iatmül et Chambri du Moyen Sépik. A la différence des flûtes, ces trompes pouvaient être vues des femmes et des non-initiés. Conservées dans les maisons cultuelles des hommes (yeu chez les Asmat, haus tambaran chez les Iatmül et les Chambri), elles étaient souvent sorties et jouées au cours des fêtes et des danses publiques et il semble qu’on leur attribuait parfois, comme chez les Yafar du Sépik occidental, un rôle dans la croissance et la reproduction.

Patrice Godin pour les Amis du Musée de Nouvelle-Calédonie