Carotte à tabac de Futuna

Les objets du mois
Objet du mois de
Juin
Une carotte à tabac appelée "tapaka" en futunien et "pata" en wallisien

MNC 2017.1.1

Longueur : 78 cm - Diamètre maximum : 9 cm 

Matiériaux : Tabac (feuilles séchées), pandanus, fibres de coco

Techniques : Séché, enroulé et compressé, tressé

 

Plante à tabac, « grand tabac » ou « herbe à nicot », Nicotiana tabacum ; originaire d’Amérique centrale, elle est apparue en Europe à la suite de la découverte des Amériques par Christophe Colomb. Elle est cultivée pour ses feuilles qui sont séchées, très fournies en nicotine, qui va servir pour la fabrication du tabac.

Elle a été introduite en Océanie et notamment à Wallis et à Futuna par les premiers beachcombers « écumeurs de plages » qui se sont installés dans ces îles (1820’s). A l’arrivée des pères maristes à Wallis, peu de temps après (1837), monseigneur Bataillon note que les chefs et le Lavelua (titre du « roi ») fumaient régulièrement

 
A Futuna, le tabac est très rapidement rentré dans le système culturel de Futuna car elle est présente dans les échanges : on s’en sert pour visiter ou pour accueillir quelqu’un,… et aussi il fait partie des produits qui sont mis en avant au milieu du mala’e lors du katoaga (cérémonie de partage de vivre à l’issu de celle du kava).

 Adriano Favole (ethnologue italien qui a travaillé sur Futuna) a relevé plusieurs fakamisimisi (textes déclamés au cours du katoaga où l’on remercie les personnes qui ont cultivé le tabac par exemple, les ignames, les taros,… nourri et élevé les cochons,…).

En voici un exemple (extrait du fakamisimisi lors d’un katoaga à Ono, Alo, Futuna, où l’on remercie pour la culture du tabac *Adriano Favole qui a séjourné à Futuna entre 1996-1997 ; 1999 ; 2004) : « Ku kau fakamalo atu je vous remercie Ki matu’a mo tauleleka anciens et jeunes Ile tatafi’o le fuga tule pour avoir nettoyé les terres couvertes de roches volcaniques, là en haut, Muluki ‘o le faka’ili pour avoir semé en frottant les graines entre vos mains, Fakalaka ‘o le mata’isele pour la lame de couteau qui a franchi les cailloux Falamapa o le maikao pour avoir enterré les petites plantes avec vos doigts Kua lasi le tapaka à présent, le tabac a poussé Kua kofu fuli ‘a paipa » toutes les pipes fument.

Suspendues à une corde, les feuilles de tabac sont séchées, et sont ensuite entassées et compressées (la confection d’un seul bâton de tabac nécessite beaucoup de feuilles) ; on les enveloppe dans des feuilles de pandanus pour éviter que l’humidité rentre puis elles sont enroulés en spirale avec avec du kafa, de la corde en fibres de bourre de coco tressées peinte en jaune, jusqu’à obtenir cette forme cylindrique.

Produit important dans la coutume, la culture du tabac perdure à Wallis et Futuna où il est conditionné et vendu sous forme de petits rouleaux. Cette pratique traditionnelle permet d’alimenter le marché local où le tabac est le plus souvent chiqué