"Serei nore nod"

Les expositions temporaires
Du 16 juin au 13 juillet 1997, l'exposition "Serei nore nod, douze plantes kanak livrent leurs secrets" sera présentée au musée territorial de Nouvelle-Calédonie dans le cadre de la saison de préfiguration 1997 du Centre Culturel Tjibaou, en partenariat avec l'Agence de Développement de la Culture Kanak

Cette exposition botanique aborde avec originalité un des éléments forts de la société kanak, dans laquelle le végétal occupe une place majeure. Créée à l'intention du jeune public, elle entend valoriser les connaissances et les savoirs-faire traditionnels de la vie quotidienne, comme une initiation ludique à la botanique, en offrant une approche originale de l'ethnologie.

Commissaires d'exposition: Dawel Cawa et Claire Merleau-Ponty.
Elle se tiendra du 16 juin au 13 juillet 1997 au MNC, puis du 1er août au 5 décembre 1997 et de juin à août 1998 en Province Nord.

Elle s'organise autour de douze plantes qui correspondent à autant d'étapes spirituelles du monde kanak: les origines, la terre nourricière, la chefferie, les cérémonies, le passage dans l'autre monde. Certaines possèdent en outre des vertus médicinales. Ce "jardin" tient dans douze herbiers géants qui mettent en scène chaque plante et délivrent les informations permettant de la connaître et de la situer au plan botanique, médicinal, culinaire et parfois magique. A chaque plante ou arbre correspondent ses dimensions usuelles, décoratives ou symboliques, telles que les outils pour cultiver l'igname et le taro, vanneries en cocotier, tapa de banian, sculptures en bois de houp, jupes et filets de pêche en magnagna ou en bourao...

Les plantes présentées sont les suivantes:

  • le banian. Il est la demeure des ancêtres et des esprits. De son écorce on tirait des tapa pour la coutume
  • le bambou. Vieux compagnon des hommes d'ici, il les accompagnait lors de leur arrivée dans cette région. Il est un matériau, un instrument de musique, un support artistique
  • le cocotier. Son bois, ses palmes, ses fruits escortent l'homme jusqu'à la grande case. Il soigne aussi
  • la cordyline. Elle possède un caractère sacré. Elle marque l'entrée aux lieux réservés. On la trouve dans la monnaie kanak lors de certaines cérémonies, dans certaines danses sacrées
  • le pin colonaire. C'est un arbre de chef. Son emplacement indique un lieu important. Il se prête à la construction des pirogues, il guérit également
  • le houp. il est l'ancêtre de tous les arbres. Comme le clan qu'il symbolise, il traverse le temps sans perdre de sa résistance et de sa densité
  • le magnagna. Ce tubercule constitue un mets délicat. Ses fibres se tressent
  • le taro d'eau. Il est le complément naturel de l'igname, il symbolise la femme
  • le bancoulier. Ses noix se mangent, on en extrait une teinture. Les vers de bancoulier sont réputés pour leur saveur. Son écorce est utilisée en décoction pour soigner les crises d'asthme
  • le smilax. Cette liane se prête à de multiples usages: paniers destinés au transport des morts jusqu'au banian ou dans les grottes mais aussi des nasses, épuisettes. Elle fournit aussi un remède contre les maux d'estomac
  • l'igname. Elle incarne à elle seule une civilisation, une culture, un savoir-faire. Elle symbolise l'homme
  • le bourao. On confectionnait jupes et cordages avec la fibre de son écorce. Il fournit un excellent chewing-gum naturel

Dans son article "Cultures et centre culturel en Nouvelle-Calédonie" (In: Publics et Musées, n°15, 1999. pp. 120-131) Claire Merleau-Ponty explique que l'exposition "Serei nore nod, douze plantes kanak livrent leurs secrets" destinée au jeune public était un test de préfiguration du «chemin kanak», parcours végétal prévu dans le parc du centre culturel Tjibaou.

Il s'agissait d'examiner les réactions du public face à un sujet populaire, reflet significatif de la culture kanak: douze plantes dans leurs fonctions biologique, sociale, culturelle et artistique, dans le cadre d'une muséographie originale. La réponse du public a permis de confirmer le bien-fondé du «chemin kanak» en cours de réalisation. Valoriser les savoirs et les créations locales en les rendant publiques dans le cadre du musée territorial de Nouméa (le centre culturel était en construction) a été bien reçu et interprété comme une reconnaissance identitaire de la part des Kanak.