"Art de l'échange en Océanie"

Les expositions temporaires
Du 7 février au 27 mai 2001, le musée de Nouvelle Calédonie invite à découvrir un ensemble d'objets d'échange provenant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée aux îles Fidji, en passant par les archipels des Palau, des Salomon, du Vanuatu et par la Nouvelle-Calédonie

Les sociétés non-occidentales ne donnent à l’échange ni le même sens ni la même fonction que les sociétés occidentales.

Dans une synthèse des pratiques économiques de différentes sociétés, M. Mauss définit la notion de don comme « toute prestation entre groupes ou personnes régie par les trois obligations fondamentales de donner, de recevoir et de rendre ». La circulation des objets, des services et des personnes, fonctionnerait, dans un grand nombre de sociétés, selon les modalités découlant de ces trois obligations et non pas selon celles de l’achat et de la vente.


Dans toute l’Océanie, les étapes importantes et initiatiques de la vie de l’individu et du groupe sont ponctuées par des échanges de biens et de nourritures. Ces objets de valeur matérialisent les représentations que les groupes ont de leur origine, de leur identité et de leur « corps social ». Certains matériaux, considérés en Océanie comme nobles et précieux de par leur fonction symbolique de lien entre l’homme et ses origines, l’homme et les ancêtres
et les dieux, sont utilisés dans la fabrication des monnaies leur attribuant valeur, pouvoir et prestige.
Ainsi, les échanges font partie intégrante des rapports sociaux qui mêlent étroitement la vie économique, la magie et les pratiques cérémonielles. Le terme « monnaie », souvent employé pour désigner les objets en circulation dans la vie économique des sociétés traditionnelles du Pacifique que nous traitons ici, ne rend pas compte entièrement de leur véritable sens et fonctions. Leur valeur d’échange, autrement dit l’investissement humain que représentent
ces objets, est aussi importante que leur valeur spirituelle.

Les qualités esthétiques et matérielles, la rareté, les dimensions, l’ancienneté et l’histoire des objets sont des critères de valeur diversement appréciés en fonction des circonstances et de l’objectif de l’échange et des rapports liant les protagonistes (parenté, subordination etc.). Chaque situation détermine les biens précieux à « donner » et leur quantité, ainsi que le délai de retour et la valeur (équivalente ou supérieure) du contre don.

Enfin, certains objets circulent uniquement dans un réseau d’échanges reliant les groupes des « grands hommes » (chefs...). Nous citerons pour exemple : les kina dans le Mount Hagen en Papouasie, les haches ostensoirs et colliers de serpentine en Nouvelle- Calédonie. Dans ce système, les grands hommes apparaissent comme des manipulateurs de richesse et des accumulateurs de prestige.


La très grande diversité de ces objets que nous classons dans « les arts de l’échange » et les limites de nos collections ne nous permettent pas de les rassembler de manière exhaustive. Nous traiterons donc ici essentiellement des objets d’échange de la partie mélanésienne du Pacifique Sud : Papouasie-
Nouvelle-Guinée et Irian Jaya, îles Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie ; nous ne donnerons que quelques exemples pour Fidji et Palau.