Restauration d'un salatasi de l'île de Futuna

Salatasi (tapa) de Futuna
Salatasi (tapa) de Futuna (avant / après)

 

Ce court article décrit le traitement de conservation-restauration entrepris sur un « salatasi » provenant de l’île de Futuna, dans le cadre de la mise en place de l’exposition «Siapo, gatu, ni koloa tauhi’ofa ’o ’Uvea mo Futuna mo Tositea : Les richesses de Tositea Siapo, gatu et autres étoffes d’Uvea et de Futuna »

Désignation : jupe de cérémonie salatasi


Création : île de Futuna, Wallis & Futuna. Collecte antérieure à 1986 mais création probablement plus ancienne. Ce type de pièce n’est plus fabriqué de nos jours.

Mesures :

  • Largeur maximum : 123 cm
  • Hauteur maximum : 59 cm 

Matériaux : tapa (étoffe d’écorce) de mûrier à papier (Broussonetia papyrifera) et teintures végétales (probablement roucouyer - Bixa orellana - pour le rouge et noix grillées du bancoulier pour le noir - Aleurites mollucana)

Description : tapa rectangulaire formé de plusieurs épaisseurs d’écorce, sur lesquelles un dessin à main levée a été effectué d’un côté, tandis que l’autre est entièrement teint en brun-rouge. Les côtés ont été découpés de fines franges (inférieures à 0,5 cm de large) tandis que des franges plus larges, au bord dentelé, ont été découpées le long du bord inférieur du tapa.

Les découpes ne sont pas entièrement régulières et ont très probablement été faites à la main. Le dessin s’arrête à plusieurs endroits avant la coupure, ce qui suggère que le tapa est entier et la coupure d’origine. Presque la totalité de la face visible est décorée de motifs très fins de hachures, de lignes ondulées et de triangles dont certains sont remplis en rouge-brun.


Condition : l’objet est demeuré plié durant longtemps, et les pliures se sont imprimées dans sa structure. Il a par ailleurs été infesté par des insectes par le passé. Ces infestations, qui suivent les lignes de pliures, ont causé à certains endroits la perte de la partie supérieure décorée du tapa, et également formé des trous. Deux zones en particulier le long du bord supérieur étaient déchiquetées, des morceaux risquant d’être perdus. La surface du tapa était également poussiéreuse, et a été tachée à de nombreux endroits.


Traitement effectué : après des tests de solubilité, il est apparu que certaines peintures étaient légèrement sensibles à l’eau. Le tapa a donc été nettoyé à sec. Les pliures ont ensuite été aplaties à l’aide de morceaux de papier buvard humidifiés à l’eau distillée, et maintenus jusqu’au séchage avec des tiges de verre. Il a ensuite été retourné et tous les trous ont été comblés avec des bandes de papier « Kozo » (du mûrier à papier japonais), qui ont été collées au tapa avec un adhésif de cellulose synthétique. Le tapa a enfin été remis à l’endroit et les zones comblées ont été retouchées (repeintes) à la peinture acrylique afin de les intégrer aux motifs environnants.

Il a été choisi de ne pas combler ni retoucher les zones du tapa qui n’étaient pas trouées, car ces zones étant moins fragiles structurellement, il ne se serait agi que d’un traitement esthétique qui n’aurait pas forcément apporté une amélioration notable de l’apparence générale du tapa.

 
L’ensemble de ce traitement (sans compter les temps de séchage et de documentation) a pris environ 15 heures.