Pour clore l'exposition «Entre-vues sur bambous kanak de Genève à Nouméa»
L’objectif de la conférence de Philippe Mathez n’est pas de transmettre une recette qui s’appliquerait à toute exposition. Bien au contraire, l’originalité de chaque projet et le cadre de sa réalisation nécessitent à chaque fois d’inventer de nouvelles manières de travailler. Le Musée d’ethnographie de Genève (MEG) est une institution fondée en 1901 qui s’inscrivait pleinement dans le contexte du regard sur l’Autre propre à son époque. Aujourd’hui, la nécessité du décentrement et l’envie de comprendre l’humain animent ce musée qui compte dans ses collections plus de 70'000 artefacts de toutes les cultures du monde.
Le conservateur genevois s’interrogera sur les ingrédients de la recette, évoquant le paradoxe qu’en exposant une pléthore d’objets, on n’obtient pas une exposition. Car ce qui donne sens à l’exposition, c’est l’articulation du propos et le rapport entre les artefacts. On peut donc montrer toute sa collection et ne rien dire du tout ! Il rappellera que les objets parlent souvent plus de ceux qui les regardent qu’ils ne parlent d’eux-mêmes. L’exposition est d’abord un exercice discursif. Dans l’esprit d’une muséologie d’idées, il appartient de déterminer les principes de mise en espace les plus appropriés à transmettre le propos des auteurs du projet. L’exposition est aussi un produit collectif, à l’image de la haute cuisine, qui est le résultat de la dynamique au sein de l’équipe de conception. En brouillant les représentations des visiteurs et en suscitant l’inattendu, le MEG non seulement montre et raconte, mais prend aussi position dans la Cité.
Enfin, la conférence présentera en images quelques unes des réalisations du MEG et leurs enjeux, notamment l’exposition « Nous autres » consacrée à l’ethnocentrisme et l’exposition « Le vodou, un art de vivre » autour de la culture haïtienne.
Biographie de Philippe Mathez
Philippe Mathez est depuis 2003 conservateur et responsable du secteur des expositions du Musée d'ethnographie de Genève (MEG) en Suisse. Il a été le responsable de projet de multiples expositions et commissaire de plusieurs d’entre elles, en particulier « L’air du temps », « Le vodou, un art de vivre », « Un Genevois autour du monde » et « Nous autres ». Il joue aussi un rôle actif pour le projet d’agrandissement du MEG, dont le crédit est soumis le 26 septembre 2010 à la population genevoise.
Diplômé en ethnologie, histoire et sociologie de l'Université de Neuchâtel (Suisse), il y a suivi l’enseignement d’ethnomuséographie de Jacques Hainard, l’un des initiateurs de la nouvelle muséologie en Europe.
Il a aussi été collaborateur scientifique du Musée d'ethnographie de Neuchâtel (1995-1996), puis conservateur du Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève (1996-2003). Il y a conçu de nombreuses expositions, notamment « Sang dessus dessous » et l'exposition permanente « Aujourd'hui ».
Hormis la muséologie, ses domaines de recherche portent sur l'anthropologie de la mort, sur les rites funéraires et de commémoration, ainsi que sur les nouvelles formes culturelles de la modernité.