Quoique son installation ne s’est pas faite sans mal, qu’il ait été contesté et continue de l’être, le Mwâ Kââ est une initiative originale et révélatrice à sa manière de l’état d’avancée d’un sentiment d’appartenance commune en Nouvelle-Calédonie. On a présenté le Mwâ Kââ comme un premier signe identitaire. Le signe en contient deux : d’une part, un monument, avec les autres sculptures, les objets et l'aménagement paysager qui l’entourent ; d’autre part, une date, le 24 septembre, dont le Mwâ Kââ prévoyait de commémorer de façon cérémonielle la communauté de destin prévue par l’Accord de Nouméa. A cela
s’ajoute un espace qui porte le Mwâ Kââ, rebaptisé en 2004 "place de la Citoyenneté", devenu un lieu sur lequel se déroulent différentes manifestations faisant appel à cette citoyenneté calédonienne.
Est-il possible de faire de ces symboles un support d’identication à une « nation » en germe ? Comment s’assurer du partage de symboles kanak dans un cadre urbain largement occidentalisé ? Même si le poteau et son aménagement contribuent indéniablement à l’embellissement et l’image « océanienne » de la ville, ne s’agit-il que d’une récupération affadie de la culture, sans impact véritable sur les consciences et confinant au folklore ?
Quelle signification peuvent prendre ces symboles pour tous ceux à qui ils ne parlent pas immédiatement ? Sont-ils souhaités par tous ?
Au delà du Mwâ Kââ lui-même, la réflexion (et un appel au débat) débordera sur ce que pourraient être un monument et une commémoration ayant pour vocation de rassembler les groupes culturels en exprimant à la fois la reconnaissance des diversités et l’appartenance à une même communauté unifiée.