La langue nráa drùbea par Tadahiko Shintani

Les causeries
Le mercredi 23 septembre à 18 h "Le nráa drùbea comme langue à tons" par Monsieur Tadahiko Shintani, spécialiste de cette langue

Le mercredi 23 septembre à 18 h, "Les amis du musée de Nouvelle-calédonie" vous invitent à une causerie sur la langue drùbea.
L'intervenant en est Monsieur Tadahiko Shintani, spécialiste de cette langue.
 
L'association Becaa jii küü-yë, qui promeut cette langue notamment auprès des scolaires, prendra part au débat qui suivra.

Le nráa drùbea comme langue à tons

Mon travail principal est la phonologie historique, c’est-à-dire chercher la réponse aux questions comment et pourquoi un tel ou tel changement phonétique a eu lieu. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler sur des langues de l’Asie du Sud-Est. l’endroit où les langues de souches généalogiquement différentes co-existaient côte-à-côte pendant longtemps (quelques milles ans). Dans cette région du monde, il existe des langues à tons à côté des langues sans tons. C’est André-Georges Haudricourt qui montra pour la première fois comment une langue sans tons (précisément le vietnamien) peut se transformer à une langue à tons. Et de nos jours, nous avons trouvé certain nombre de langues à tons qui sont d’origine langues sans tons dans l’Extrême-Orient.

En Nouvelle-Calédonie, nous pouvons trouver la même situation qu’en Asie dans le sens qu’il existe des langues à tons à côté des langues sans tons. C’est Haudricourt qui classifia les langues kanak de la grande terre en cinq groupes: extrême-nord, nord, centre, sud, et extrême-sud. Les langues des groupes extrême-nord et nord ont l’opposition aspirée / non-aspirée de consonnes des séries d’occlusives et de nasales, tandis que les autres langues n’en ont pas. Les langues des groupes centre et extrême-sud sont des langues à tons. Les tons de langues kanak sont des tons ponctuels, tandis que les tons de la garande partie des langues à tons de l’Asie du Sud-Est sont des tons mélodiques (montant ou descendant).

J’ai travaillé longtemps sur l’une des langues de l’extrême-sud,nráa drùbea, mais la difficulté de décrier le système tonal de cette langue demeure toujours. J’ai l’impression qu’il faut tenir compte de deux facteurs prosodiques: ton syllabique isolé et la mélodie qui couvre plusieur syllables. Il est certain que cette langue a deux tons ponctuel (haut et bas), mais le ton syllabique isolé est souvent modifié par la mélodie intersyllabique. Ce système tonal a un aspect semblabe au système “accentuel” du japonais qui n’a toutefois pas de tons syllabiques isolés.

Dans cette conférence, j’aborderai les grandes lignes des langues kanak, et je parlerai plus particulièrement du nráa drùbea en mettant accent sur son système tonal.